L’aversion pour le risque dicte la conduite des marchés

Actualités - En août, les principaux indices actions européens ont pâti des tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Turquie. De son côté, Wall Street a continué d’enchaîner les records grâce à la solidité de l’économie américaine et des résultats d’entreprises robustes. Sur le marché obligataire, l’aversion pour le risque a mis la pression sur les « spreads ».

Les taux souverains d’Europe du Sud ont été pénalisés par les doutes sur le budget italien et les craintes sur les pays émergents alors que les taux souverains allemands et français ont bénéficié de leur statut de valeur refuge. Ce regain de prudence a également provoqué un écartement des « spreads » corporate.

Le risque turc  pèse sur les marchés actions

Les marchés actions américains ont atteint de nouveaux records au mois d’août, soutenus par la croissance économique aux Etats-Unis (+4,1% en rythme annualisé au deuxième trimestre) et la bonne dynamique des résultats des sociétés cotées. Les investisseurs ont par ailleurs bien accueilli le discours tenu par Jerome Powell, au symposium de Jackson Hole qui a conforté le scénario de deux hausses de taux supplémentaires de la Réserve fédérale avant la fin de l’année. Paradoxalement, Wall Street n’a pas été affecté par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, mais a salué à la fin du mois l’accord commercial conclu avec le Mexique en vue de remplacer l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain).

Le mois d’août a par contre été difficile pour les principaux indices actions européens. Aux craintes de guerre commerciale est venu s’ajouter le risque turc. La devise turque a perdu un tiers de sa valeur le mois dernier, affectée par des tensions diplomatiques avec les Etats-Unis. Le secteur bancaire a particulièrement été touché, les investisseurs redoutant l’exposition des banques de la zone euro en Turquie. La volatilité des actions européennes a été renforcée par le ralentissement de la croissance chinoise et les inquiétudes suscitées par la politique économique et budgétaire du gouvernement de coalition italien composé de deux partis très critiques envers l’Union européenne.

La Bourse japonaise affiche un bilan légèrement positif pour l’indice Nikkei mais négatif pour le Topix. Confrontés à un environnement plus volatil, les investisseurs ont privilégié le caractère défensif des actions japonaises au sein de la zone Asie. Le mois d’août a été compliqué sur le marché chinois alors que l’absence d’avancées dans les négociations entre Pékin et Washington laisse planer la menace d’une extension des droits de douane américains à 200 milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis, avec une probable riposte chinoise de grande ampleur. Ces tensions surviennent au moment où l’économie chinoise montre quelques signes de faiblesse, comme en témoigne le ralentissement de la croissance des dépenses d’investissement, au plus bas depuis 1996.

En Amérique Latine, les actions ont marqué le pas, pénalisées par la chute du peso argentin et du real brésilien.

 

Taux : les obligations souveraines font refuge

Le regain de tensions entre les Etats-Unis et le reste du monde, les craintes sur les pays émergents (détérioration de l’économie argentine, incertitude sur les élections au Brésil), et le ralentissement de la croissance chinoise ont ravivé l’aversion pour le risque. Les obligations souveraines les plus sûres ont joué leur rôle de valeur refuge. Le taux américain à 10 ans a clôturé le mois d’août en repli à 2,86%. Une tendance partagée par le taux allemand à 10 ans, qui est passé en un mois de 0,44% à 0,33%. Les pays périphériques européens ont, en revanche, pâti des craintes liées aux émergents. Le rendement de la dette espagnole a grimpé en un mois de 7 pb à 1,46%, celui de la dette portugaise de 18 pb à 1,91%.

L’Italie, quant à elle, a enregistré le bond le plus important : +51 pb à 3,22%. Les investisseurs s’inquiètent des négociations budgétaires du gouvernement populiste.

Sur le marché de la dette corporate, ce regain d’aversion pour le risque s’est traduit par un écartement des « spreads ». Le haut rendement a surperformé l’Investment grade. Des tensions se maintiennent sur le secteur des subordonnées financières.

Le scénario économique

Le scénario d’Aviva Investors table sur une croissance du PIB mondial solide, proche, voire au-delà des 4% en 2018, un rythme jamais atteint depuis 2011. L’environnement de croissance et d’inflation est en adéquation avec la fin progressive des politiques monétaires exceptionnelles menées ces dernières années.

Les politiques protectionnistes constituent les principales menaces sur les marchés mondiaux. Si les tensions actuelles entre les Etats-Unis et la Chine se transformaient en une guerre commerciale totale, les prévisions de croissance des grandes régions exportatrices (comme la Chine, le Japon, l’Asie émergente et la Zone euro) se détérioreraient fortement.

Aux Etats Unis, la Réserve fédérale devrait procéder à six relèvements de taux supplémentaires d’ici la fin 2019. La croissance du PIB est attendue proche de 3% en 2018 et l’inflation devrait se maintenir au-dessus de 2%. Les perspectives de croissance sont moins dynamiques dans d’autres régions du monde, la Banque centrale européenne ainsi que la Banque du Japon ne devraient d’ailleurs pas relever leurs taux avant le milieu de l’année prochaine.

La croissance de la zone euro s’est un peu ralentie, ce qui était sans doute nécessaire. Le maintien d’une rythme de croissance au-dessus de 3% aurait en effet pu conduire à une surchauffe. La dynamique devrait tout de même se maintenir au-dessus du potentiel cette année et en 2019. Le programme de rachats d’actifs de la BCE devrait se terminer fin 2018, suivi d’une première hausse des taux au second semestre 2019.

Pour le Japon, la croissance a été un peu décevante au 1er trimestre avec un ralentissement de la demande domestique, principalement dû à des facteurs temporaires. Des risques ont toutefois émergé avec la politique protectionniste des Etats-Unis. L’inflation peine dans sa progression en direction de l’objectif de 2%, assurant la poursuite de la politique accommodante de la BoJ (Bank of Japan).

En Chine, notre scénario central se fonde sur la poursuite des réformes sans ralentissement brutal, avec un objectif de croissance proche de 6,5%. La dynamique du 1er trimestre a été un peu plus forte que les prévisions de la Bank of China, qui poursuit ses hausses de taux. La consommation devrait continuer de soutenir la croissance grâce à la hausse des salaires.