BCE : Harder Better Faster Stronger sur les rachats d’actifs

Actualités - Cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) annonce l'accélération de ses rachats d'obligations en zone euro dans le cadre de son plan d'aide (PEPP).

BCE : Harder Better Faster Stronger sur les rachats d'actifs

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Roulements de tambour. Ce jeudi 11 mars, la Banque centrale européenne (BCE) met fin à plusieurs semaines de suspens. Dans un communiqué présentant ses décisions de politique monétaire, la BCE annonce accélérer le rythme de son programme d’achats urgence pandémie (PEPP). « Sur la base d’une évaluation conjointe des conditions de financement et des perspectives d’inflation, le Conseil des gouverneurs prévoit que le rythme des achats au titre du PEPP sera nettement augmenté au cours du trimestre à venir par rapport aux premiers mois de l’année », indique le document. La BCE n’a toutefois pas dévoilé d’objectifs chiffrés.

Politique du flou artistique

La BCE entend conserver une certaine flexibilité, afin de « préserver des conditions de financement favorables ». L’enveloppe du PEPP atteint aujourd’hui 1 850 milliards d’euros — et devrait durer jusqu’en mars 2022. L’enveloppe pourra être recalibrée afin de « contrebalancer le choc négatif exercé par la pandémie sur la trajectoire de l’inflation ». Les achats nets dans le cadre du PEPP se poursuivront à hauteur de 20 milliards d’euros par mois. De quoi court-circuiter la remontée des taux qui touche le marché des obligations souveraine depuis la mi-février. En zone euro, le taux d’inflation avait grimpé à 0,9 % en janvier-février.

Début mars dernier, l’Italien Fabio Panetta — membre du directoire de la BCE — évoquait déjà la nécessité de muscler le PEPP, en glissant une référence au tube « Harder Better Faster Stronger » du groupe Daft Punk dans un discours prononcé à l’université Bocconi de Milan (Italie). Fabio Panetta insistait alors sur la nécessité d’adopter une démarche plus proactive… avec une référence explicite au contrôle de la courbe des taux. Christine Lagarde — présidente de la BCE — a pourtant rejeté cette idée ce jeudi. L’évolution de l’action de la BCE dépendra surtout de la conjoncture économique — et de la vaccination.

« Stay calm and carry on »

L’impact de la crise sanitaire se fait encore sentir. Sur l’année 2020, le PIB a reculé de – 6,6 % dans la zone euro — et de 6,2 % dans l’ensemble de l’Union européenne (UE) d’après l’agence Eurostat. « La situation économique globale devrait s’améliorer au cours de l’année 2021 mais des incertitudes demeurent quant aux perspectives économiques à court terme, liées notamment à la dynamique de la pandémie et au rythme des campagnes de vaccination », a déclaré Christine Lagarde en conférence de presse. La BCE prévoit une croissance de 4 % dans la zone euro cette année ; elle a également relevé sa prévision d’inflation à 1,5 %.

C’est un demi-point de plus que prévu en décembre dernier, souligne Reuters. Il s’agirait toutefois d’une hausse transitoire et à la hausse des cours de l’énergie. « La BCE s’efforce de démontrer sa détermination à plafonner les rendements obligataires sans pour autant montrer des signes de panique », traduit Carsten Brzeski, responsable de la recherche Macro chez ING. Selon Christine Lagarde, le PIB de la zone euro devrait se contracter au premier trimestre — avec la poursuite de la crise sanitaire. En attendant, les taux d’intérêts restent inchangés. Sur les marchés, les rendements des emprunts d’Etat de référence de la zone euro ont amplifié leur repli.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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