Europe : un plan de 750 milliards d’euros pour redresser l’économie

Actualités - Cette semaine, la Commission européenne a présenté son nouveau plan de relance de 750 milliards d'euros. Cet outil budgétaire controversé sera à l'ordre du jour du prochain sommet européen, les 18 et 19 juin. Explications.

Europe : un plan de 750 milliards d'euros pour redresser l'économie

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

L’Union Européenne (UE) ressort le « bazooka » financier. La Commission européenne a dévoilé ce mercredi 27 mai un plan de relance de 750 milliards d’euros, qui vient s’adosser à un budget pluriannuel de 1 100 milliards d’euros. Il s’agit de « réamorcer notre économie et s’assurer du rebond de l’Europe », a précisé l’exécutif européen dans un communiqué. L’horizon s’éclaircit pour les 27 membres, fortement ébranlés par l’épidémie de coronavirus. Taxe sur le numérique, taxe carbone, sur les importations ou les entreprises… Le projet modifie également les règles budgetaires européennes, relève Reuters.

Solidarité et fractures

Les pays périphériques — ceux dont les économies ont le plus souffert — seront les premiers servis. Sur les 750 milliards d’euros annoncés, comptez 173 milliards d’euros pour l’Italie (82 milliards d’euros d’aides directes et 91 milliards sous forme de prêts) et 140 milliards d’euros pour l’Espagne (77 milliards d’aides directes et 63 milliards sous forme de prêts). Si cette proposition était approuvée, « cela réduirait le risque d’un effondrement des pays de la périphérie de la zone euro, notamment de l’Italie, et augmenterait la probabilité d’une reprise économique synchronisée à travers le continent », réagit Marshall Gittler, analyste chez BDSwiss Group.

Malgré cette solidarité, le plan révèle aussi des fractures entre les Etats membres sur la nature des outils adéquats pour stimuler la reprise. D’un côté, se trouvent la France et l’Allemagne. Dès le 18 mai dernier, le couple moteur de l’UE proposait de créer un fonds de relance doté de 500 milliards d’euros levés par la Commission, qui accorderait des aides budgétaires aux régions et aux Etats de l’UE les plus en difficulté. Ces sommes seraient empruntées sur les marchés à des taux avantageux. En face, les Etats dits « frugaux » — Autriche, Pays-Bas, Danemark, Suède — s’opposent à l’idée de transferts budgétaires. Ils préfèreraient des prêts remboursables.

Réaction des marchés

L’impact serait historique pour la construction européenne, avec une véritable mutualisation de la dette. Il s’agit d’un « jour essentiel pour l’Europe (…) Nous devons aller vite et adopter un accord ambitieux avec tous nos partenaires européens », a twitté Emmanuel Macron après la présentation du plan. Le projet de la Commission sera examiné lors du prochain sommet européen, les 18 et 19 juin. Plus de fédéralisme budgétaire, une façon de resserrer les rangs à l’heure du Brexit ? Par un hasard de calendrier, la sortie du Royaume-Uni — prévue le 31 décembre 2020 — coïnciderait avec la mise en place de cet ambitieux plan de relance.

Les marchés financiers ne s’y sont pas trompés. Les bourses européennes ont ainsi terminé en hausse ce mercredi, grâce aux espoirs d’un redressement rapide de l’économie. À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 1,79 % à 4 688,74 points, un plus haut en clôture depuis le 11 mars. Le Footsie britannique a pris 1,26 % et le Dax allemand a gagné 1,33 %. L’indice EuroStoxx 50 a avancé de 1,73 %, le FTSEurofirst 300 de 0,16 % et le Stoxx 600 de 0,24 %. En plein milieu des mesures de déconfinement, l’appétit des investisseurs s’est confirmé pour les actifs les plus risqués. De quoi passer outre la tension entre la Chine et les Etats-Unis au sujet de Hong Kong.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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