Etats-Unis : élections présidentielles, le compte est-il bon ?

Actualités - Cette semaine, les Etats-Unis vivent au rythme de l'élection présidentielle 2020. Les électeurs se sont rendus aux urnes ce mardi 3 novembre, mais le dépouillement risque de prendre encore quelques jours. Face à l'avance prise par son adversaire, Donald Trump conteste déjà les résultats du vote. Le point avec Le Courrier Financier.

Etats-Unis : élections présidentielles, le compte est-il bon ?

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Il était une fois en Amérique… les élections présidentielles. L’issue du scrutin devrait être connue sous quelques d’ici quelques jours. Si la vague bleue annoncée n’a pas eu lieu, le candidat démocrate Joe Biden continue de creuser son avance. De son côté, le président républicain Donald Trump s’en est pris au processus démocratique américain. Ce mercredi 4 novembre, il a prétendu — sans preuve — que ses adversaires essayaient de lui « voler l’élection » avec de faux bulletins de vote. « Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement », a-t-il affirmé. Dans son collimateur, le vote par correspondance — favorable à Joe Biden.

Patience et longueur de temps…

Pour comprendre ce qui se joue, il faut détailler le fonctionnement de l’élection présidentielle américaine. Les citoyens américains élisent leur président au suffrage universel indirect. Ils se rendent aux urnes le premier mardi de novembre — cette année, c’était le 3 novembre — afin de choisir les grands électeurs de leur Etat. Compte tenu de la rigidité historique de ce calendrier, où il faut venir voter en semaine pendant les jours de travail, certains Etats organisent des votes anticipés. L’élection peut basculer en fonction des résultats obtenus dans les « swing states » ou Etats clés — moins clivants sur le plan politique.

Le dépouillement Etat par Etat prend donc beaucoup de temps. Des centaines de milliers de bulletins — la plupart envoyés par courrier pendant la crise sanitaire — restent à compter. « La démocratie, c’est parfois confus. Cela requiert parfois aussi un peu de patience. Mais cette patience a été récompensée pendant plus de 240 années désormais, dans un système de gouvernance qu’envie le monde », a commenté avec philosophie Joe Biden, ce jeudi 5 novembre sur Twitter. Il a aussi appelé à la patience. Mais Donald Trump, qui avait annoncé sa victoire dès ce mercredi 4 novembre, ne décolère pas. « Arrêtez de compter ! », a-t-il twitté.

Les Etats-Divisés d’Amérique ?

Ce jeudi 5 novembre, les observateurs électoraux internationaux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont accusé Donald Trump « d’abus de pouvoir flagrant » pour avoir demandé l’arrêt du dépouillement. Cette tension inhabituelle met en exergue les profondes divisions politiques aux Etats-Unis, tout en révélant l’impact du Covid — la pandémie ayant amplifié le vote à distance. Au pays du « freedom of speech », les manifestations sur la voie publique n’ont eu qu’une ampleur limitée depuis mardi dernier, et la plupart sont restées pacifiques. La véritable empoignade a lieu sur les réseaux sociaux.

Démocrates et républicains se livrent à une véritable bataille judiciaire. Plutôt que de saisir la Cour suprême, le camp Trump a déposé des recours Etat par Etat pour recompter certains votes. Dans le Michigan et la Géorgie, deux juges ont déjà rejeté des recours républicains. Pour remporter la victoire, un candidat doit obtenir 270 voix au sein du collège de 538 grands électeurs. A l’heure où nous écrivons, Joe Biden est déjà crédité de 253 grands électeurs, d’après les projections de l’agence Associated Press (AP). Une seule victoire dans le Nevada, en Géorgie ou en Pennsylvanie permettrait donc à Joe Biden de devenir le 46e président des Etats-Unis.

Des marchés dans l’attente

Pendant ce temps, les marchés affichent leur sérénité. Optimistes, les investisseurs actions restent à l’achat. Ils se sont autorisé quelques prises de bénéfice en toute fin de semaine, rapporte Reuters. A court terme, ils se focalisent sur le recul du risque d’un renforcement de la réglementation en cas de large majorité démocrate. En revanche, les rendements obligataires — notamment des emprunts d’Etat — s’écroulent faute de vague bleue. Le rendement des Treasuries à 10 ans a ainsi perdu jusqu’à 12 points de base, ce mercredi 4 novembre. Harry Richards, gérant obligataire pour Jupiter AM, prédit de la volatilité tant que la situation ne sera pas clarifiée.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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