France : la consommation relance la croissance

Actualités - Cette semaine, la Banque de France mesure le retour de la consommation des ménages dans ses projections macroéconomiques. Comment se profile le retour de la croissance en France d'ici la fin de l'année ? Quelles perspectives de sortie de crise à moyen terme ? Le point avec Le Courrier Financier.

France : la consommation relance la croissance

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Juste avant l’été, l’économie française revient-elle au beau fixe ? Ce lundi 14 juin, la Banque de France a publié ses projections macroéconmiques mensuelles. L’institution revoit à la hausse ses prévisions de croissance. Le PIB devrait progresser de 5,75 % en 2021, au lieu des 5,5 % prévus précédemment. C’est au-dessus de la moyenne de la zone euro, évaluée à 4,6 % par la Banque centrale européenne (BCE). La croissance du PIB devrait s’établir à 4 % en 2022, puis redescendre à 2 % en 2023. Ceci en raison de « pertes de productivité associées à la crise sanitaire » plus limitées que prévu, mais aussi du retour de la consommation.

Retour de la consommation

D’après la Banque de France, l’activité économique se redresse depuis le deuxième trimestre. La reprise est tirée par un double attelage : la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Fin avril dernier, les Français disposaient déjà d’un surplus d’épargne de 142 milliards d’euros — la fameuse « épargne Covid ». L’accumulation de ce surplus date des mois de confinement et s’est poursuivie au premier trimestre 2021. En revanche, le troisième confinement de mars à avril 2021 — avec fermeture des commerces non essentiels — n’a pas entraîné de hausse notable de cette accumulation.

Dorénavant, la consommation des ménages est de retour. « La forte croissance du PIB serait essentiellement portée par la contribution de la demande intérieure en 2021 et 2022, à la fois de la consommation et de l’investissement », prédit la Banque de France. La réouverture des terrasses et des commerces entraîne le retour des dépenses. Selon Bercy, les dépenses des Français par cartes bancaires au cours de la première semaine de juin 2021 dépassaient de +13 % leur niveau à la même période en 2019. Les ventes en magasins enregistrent +9 %. Toutefois, les hôtels et restaurants restent à 85 % du niveau de dépenses avant crise.

Même pas peur de l’inflation

Outre la consommation, les ménages devraient investir à un rythme soutenu en 2021 et 2022. Les Français vont vouloir « rattraper les projets reportés pendant la crise sanitaire », estime la Banque de France. Pour les entreprises, cette conjoncture de sortie de crise implique un taux de marge qui reviendrait dès 2021 au niveau pré-Covid. Grâce aux mesures de soutien du Gouvernement et au plan de relance de 100 milliards d’euros, elles ont globalement « bien résisté à la récession de 2020 ». Portés par une trésorerie abondante et l’effet de levier du crédit, les investissements des entreprises devraient atteindre « un niveau historiquement élevé ».

Cette dynamique s’inscrit toutefois dans un contexte de remontée des prix. La Banque de France prévoit une progression de +1,5 % de l’inflation en moyenne annuelle pour 2021, notamment en raison de la hausse du prix du pétrole et des matières premières. Nous devrions atteindre un pic à 2,1 % en octobre prochain, avant de redescendre à 1,2 % dès 2022. Plusieurs variables pourraient encore modifier ce scénario : évolution de la situation sanitaire, marché de l’emploi ou encore pénuries d’approvisionnement dans certains secteurs (BTP, électronique, etc.). Néanmoins, l’horizon de la croissance semble s’éclaircir… jusqu’à la prochaine tempête.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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