Bitcoin : Elon Musk s’en détourne à cause de son bilan carbone

Actualités - Cette semaine, Elon Musk prend ses distances avec le bitcoin. Le patron de Tesla met en cause le bilan carbone de la cryptomonnaie. Mais au-delà de la préoccupation écologique, quel rôle joue ici la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ?

Cryptomonnaie : Elon Musk se détourne du bitcoin à cause de son bilan carbone

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Elon Musk, girouette de l’énergie verte ? Le directeur général de Tesla fait volte-face sur le bitcoin. Son groupe n’acceptera plus la reine des cryptomonnaies comme moyen de paiement de ses voitures électriques. Tesla renonce également à investir dans le bitcoin en raison de son bilan carbone. « La cryptomonnaie est une bonne idée sur de nombreux points et nous pensons qu’elle est promise à un grand avenir mais cela ne peut pas se faire au prix d’un coût énorme pour l’environnement », a-t-il twitté ce mercredi 13 mai. Après ce virage à 180 degrés, le cours du bitcoin a perdu jusqu’à plus de 10 % rapporte Reuters.

Derrière le bitcoin, la Chine

Pas assez vert, le bitcoin ? Selon le Bitcoin Electricity Consumption Index de l’Université de Cambridge, la célèbre monnaie virtuelle consommerait désormais plus de 140 térawattheures d’électricité à l’année. C’est plus qu’un pays comme la Norvège, ou encore l’équivalent de près d’un tiers de la consommation française. Seuls 26 pays sur la planète consomment actuellement plus d’électricité que le bitcoin, dont le fonctionnement réclame une forte puissance de calcul — très gourmand en électricité. La majorité des fermes à bitcoin se trouvent aujourd’hui en Chine, où elles consomment une électricité d’origine thermique (charbon).

D’après les données du Cambridge Center for Alternative Finance, la Chine représentait 65 % du hashrate Bitcoin en avril 2020. Pour rappel, le hashrate (taux de hashage) mesure la puissance de minage d’un ordinateur. En Chine, les fermes à bitcoins sont majoritairement implantées dans le Sichuan (en raison de ses grandes capacités hydroélectriques) et dans le Xinjiang. Le poids de la Chine pèse directement sur la volatilité du bitcoin. En avril dernier, une panne d’électricité dans le Sichuan a ainsi provoqué une chute de 10 % de la valeur de la cryptomonnaie. Une motivation de plus qui expliquerait la décision d’Elon Musk ?

Cryptomonnaie : Elon Musk se détourne du bitcoin à cause de son bilan carbone
Source : fr.statista.com

Une volonté de greenwashing ?

Jusqu’ici, le côté énergivore du bitcoin ne semblait pas poser problème. En janvier dernier, Tesla investissait 1,5 milliard de dollars dans le bitcoin — soit 7,7 % de ses liquidités. En théorie, il devait s’agir d’une détention à long terme. Tesla voyait alors dans les bitcoins des « actifs intangibles à durée de vie indéfinie ». Lors de la publication de ses résultats au T1 2021, Tesla avait déjà vendu 10 % de ses bitcoin pour un montant total de 101 millions d’euros. Une bonne opération… de spéculation. Les investisseurs craignent désormais que Tesla ne procède à d’autres ventes de bitcoins. Elon Musk dit s’intéresser à « d’autres cryptomonnaies » plus « propres ».

Qui seront les heureuses élues ? Certaines cryptomonnaies « vertes » ont d’ores et déjà bénéficié de la déclaration d’Elon Musk, rapporte Les Echos. C’est le cas notamment de BitGreen (+344 % en 24 heures), Nano (+73 %) ou encore Cardano (+11 %). Mais la musique du greenwashing ne couvre pas ici tout à fait le bruit de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. D’après les données de la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA), Tesla a vendu 25 845 véhicules électriques en avril — contre 35 478 modèles en mars dernier. Se distancer du bitcoin et du géant chinois, c’est aussi pour Tesla une affaire de realpolitik.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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