Chine : le coronavirus fait tousser les marchés

Actualités - Cette semaine, les marchés surveillent avec attention la propagation de l'épidémie de coronavirus en Chine. Quelles conséquences économiques à long terme ? Le coronavirus aura-t-il un impact plus important que le SRAS ? Le point avec Le Courrier Financier.

Chine : le coronavirus fait tousser les marchés

(Conception : Mathilde Hodouin – Création : Amandine Victor)

Cette semaine, le coronavirus se propage. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé ce mercredi 5 février qu’il n’existait aucun traitement efficace connu, contrairement à certaines informations relayées par les médias. Ce vendredi 7 février, le président Xi Jinping a assuré son homologue américain Donald Trump que la Chine faisait tout ce qui était en son pouvoir pour contenir l’épidémie. Le même jour, les autorités sanitaires chinoises ont reconnu 636 décès liés à l’épidémie apparue en décembre dernier à Wuhan, dans la province de Hubei (centre du pays). La source initiale de contamination reste inconnue, mais elle pourrait être d’origine animale, rapporte Reuters.

Accord commercial maintenu

Ce lundi 3 février, la réouverture des marchés actions chinois après les congés du Nouvel An lunaire — rallongés pour cause de coronavirus — s’est soldée par une débâcle spectaculaire. Ils ont perdu 400 milliards de dollars de valeur en l’espace d’une seule séance, et terminé sur un repli de 7,7 %. Pour rassurer les milieux économiques et financiers, la Chine a pris plusieurs mesures. La Banque centrale chinoise a injecté ce lundi 1 200 milliards de yuans pour soutenir l’économie nationale. Ce mardi 4 février, la Chine a également accepté l’aide sanitaire des Etats-Unis contre le virus. L’empire du Milieu assure obtenir petit à petit des résultats satisfaisants.

La Chine reste confiante dans ses capacités à vaincre l’épidémie sans conséquences sur le long terme pour le développement économique, a déclaré Xi Jinping à Donald Trump. Ces propos ont été rapportés ce vendredi par la presse officielle chinoise. D’après un porte-parole de la Maison Blanche, les deux présidents ont réaffirmé leur engagement d’appliquer les mesures de l’accord commercial de « phase 1 » signé le mois dernier. La Chine et les Etats-Unis veulent surmonter la menace sanitaire du coronavirus, qui pèse désormais sur la croissance mondiale et sur les nouvelles relations commerciales sino-américaines, enfin apaisées.

Confiance sur les marchés

Plus d’une vingtaine de pays ont recensé des contaminations. Ce jeudi 6 février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu’il était trop tôt pour estimer que la propagation de l’épidémie atteignait un pic. Le même jour, la Bourse de New York a cependant fini en hausse de +0,3 % jeudi. Les investisseurs veulent croire que la Chine parviendra à endiguer l’épidémie et à limiter ses effets sur l’économie. Les conséquences du coronavirus pourraient néanmoins dépasser celle du SRAS en 2003, d’après une estimation d’ING. Avec 774 morts et 8 100 cas, le SRAS avait amputé le PIB chinois de 1,2 % et la croissance mondiale de 20 points de base.

« Le problème, c’est que la Chine a changé de taille. En 2003, elle représentait 4% du PIB mondial, contre 16% aujourd’hui », a expliqué ce mardi Julien Manceaux, économiste d’ING. Avec le coronavirus, près de 40 millions de personnes ont été placées en quarantaine. Or la ville de Wuhan est aussi le fief du secteur automobile chinois, avec la présence du constructeur Dongfeng, mais également de PSA et Renault. « Le simple fait que les usines restent longtemps à l’arrêt aura nécessairement des conséquences sur la production », relève Julien Manceaux. Les chaînes d’approvisionnement, et le marché des matières premières devraient aussi subir le contrecoup.

Facteur d’incertitude

L’épidémie de coronavirus représente un facteur conjoncturel, à l’image des tensions commerciales. Elle s’ajoute à d’autres facteurs structurels, qui ont contribué à ramener en 2019 la croissance chinoise à son plus bas niveau depuis près de 30 ans (+6,1 %). Ce ralentissement devrait se poursuivre cette année et peser sur les perspectives de l’économie mondiale, prévient ING. « Tout dépendra de la durée de l’épidémie et de la capacité des autorités chinoises à l’enrayer », résume Julien Manceaux.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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