Brexit : Bruxelles prépare des mesures d’urgence en cas de « no deal »

Actualités - La perspective d'un « no deal » prend de plus en plus d'ampleur dans les négociations du Brexit. La date-butoir pour trouver un accord entre l'Union européenne (UE) et le Royaume-Uni a été fixée à ce dimanche. Que se passera-t-il en cas d'échec ?

Brexit : Bruxelles prépare des mesures d'urgence en cas de « no deal »

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

C’est la semaine de la dernière chance. La Grande-Bretagne et l’Union européenne (UE) vont-elles parvenir à un accord sur leurs relations post Brexit, avant le 31 décembre prochain ? La perspective d’un « no deal » prend de plus en plus d’ampleur, indique Reuters. « Il existe aujourd’hui une forte possibilité, une forte possibilité que nous aurons une solution plus proche de la relation australienne ou canadienne avec l’UE. Ça ne veut pas dire que ce soit une mauvaise chose », a déclaré Boris Johnson ce jeudi 12 décembre devant la presse. Le Premier ministre britannique s’exprimait à l’occasion de l’ouverture du dernier sommet européen 2020.

Mesures d’urgence

En l’absence d’accord, les relations commerciales dépendront des règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Cette perspective inquiète les milieux économiques et affaiblit la livre sterling. En conséquence, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne (CE), a proposé ce jeudi aux Vingt-sept membres de l’UE une série de mesures d’urgence pour anticiper les conséquences d’un « no deal ». Elle propose notamment des « règlements » afin de garantir certains services aériens, préserver la fluidité du fret et du transport routier de passagers entre le Royaume-Uni et l’UE pendant six mois, sous réserve de réciprocité britannique.

Londres a accueilli ces propositions avec beaucoup de réserve. L’ultime date butoir a été fixée à ce dimanche 13 décembre. La présidente de la Commission informera directement les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, réunis à Bruxelles, de l’état des discussions « Les négociations sont toujours en cours. Cependant, étant donné que la fin de la transition est très proche, rien ne garantit qu’un accord puisse être conclu à temps. Notre responsabilité est de nous préparer à toutes les éventualités, y compris à l’absence d’accord avec le Royaume-Uni le 1er janvier 2021 », a commenté Ursula von der Leyen.

830 milliards d’euros

L’accès aux zones de pêche — question très sensible pour la France — reste une Pomme de discorde. La Commission a évoqué un « règlement visant à créer le cadre juridique approprié jusqu’au 31 décembre 2021, ou jusqu’à la conclusion d’un accord de pêche avec le Royaume-Uni — selon la date la plus rapprochée — pour un accès réciproque continu des navires de l’UE et du Royaume-Uni aux eaux de l’autre partie après le 31 décembre 2020 ». Il faut aussi encore définir les mécanismes pour régler les futurs différends commerciaux et l’instauration de mesures anti-dumping. Il y a 830 milliards d’euros d’échanges commerciaux annuels en jeu.

A son arrivée au sommet européen, Ursula von der Leyen a déclaré avoir eu ce mercredi 9 décembre « une bonne conversation » avec Boris Johnson. « Mais c’est difficile », a-t-elle admis. Cette morosité se répercute sur le moral des banques d’investissement et les bookmakers, qui voient se réduire les chances d’un accord post-Brexit. Les analystes de J.P. Morgan considèrent que les discussions pourraient se prolonger au-delà de ce dimanche. Ils ont ramené de 66 % à 60 % leur évaluation d’un succès et estiment qu’elle tombera à 50 % à défaut de progrès rapide. Chez Rabobank, les chances de dénouement positif ont chuté de 70 % à 60 %. Croisons les doigts.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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