Brexit : Boris Johnson rejoint le match

Actualités - Cette semaine, Boris Johnson a été élu à la tête du parti conservateur britannique. Il remplace désormais Theresa May au poste de Premier Ministre... Et il entend bien renégocier l'accord du Brexit, malgré l'opposition ferme de l'Union Européenne.

Brexit : Boris Johnson rejoint le match

(Conception : Mathilde Hodouin – Création : Charlotte Thomas)

Le Royaume-Uni joue le match du Brexit jusqu’au bout. Ce mardi 23 juillet, Boris Johnson (55 ans) a été élu à la tête du parti conservateur (Tories). L’ancien maire de Londres a battu de loin son adversaire Jeremy Hunt, en recueillant 66 % des suffrages exprimés. Cette victoire fait de lui depuis ce mercredi 24 juillet le nouveau Premier Ministre du Royaume-Uni, en remplacement de Theresa May. Sa première mission sera de mener à bien la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. La date limite a été fixée au 31 octobre, que ce soit avec ou sans accord.

Vers un Brexit sans accord ?

Boris Johnson avait quitté ses fonctions de ministre des Affaires étrangères l’an dernier, en désaccord avec le plan de Brexit de Theresa May, rappelle l’agence Reuters. Boris Johnson a tout de suite adopté un ton martial. « Le Brexit sera chose faite le 31 octobre et nous tirerons avantage de toutes les occasions qu’il nous apportera, avec un nouvel esprit : on peut le faire ! (…) Comme un géant endormi, nous allons nous lever et nous libérer des chaînes du doute et des idées négatives », a-t-il déclaré. Le nouveau Premier Ministre a également promis « d’assurer le Brexit, d’unir le pays et de vaincre Jeremy Corbyn (dirigeant du parti travailliste — Labour — NDLR) ».

La réponse ne s’est pas faite attendre. « Boris Johnson a reçu le soutien de moins de 100.000 membres du Parti conservateur (…) en promettant des baisses d’impôts pour les plus riches, en se présentant comme l’ami des banquiers et en préconisant un Brexit sans accord qui nous serait préjudiciable. Mais il n’a pas obtenu le soutien du pays ! », a riposté Jeremy Corbyn. De son côté, l’Union Européenne a diplomatiquement félicité Boris Johnson pour sa victoire. L’UE a cependant rappelé qu’il n’était pas question de renégocier l’accord sur le Brexit obtenu par Theresa May. Cette opposition frontale laisse entrevoir une sortie non négociée (hard Brexit) aux conséquences politiques et économiques incertaines.

Quels effets sur les marchés ?

Boris Johnson n’a pas l’intention d’opter pour la modération. Dans son discours inaugural devant la Chambre des Communes, il a promis de restaurer la grandeur de son pays. Ses propos font clairement écho à la rhétorique du président américain Donald Trump. « Notre mission est de concrétiser le Brexit le 31 octobre, dans le but de rassembler et de dynamiser notre grand Royaume-Uni et d’en faire l’endroit le plus formidable au monde », a affirmé Boris Johnson. Le Premier Ministre souhaite faire de la Grande-Bretagne l’économie la plus prospère d’Europe à l’horizon 2050, ce qui voudrait dire distancer la France et dépasser l’Allemagne. « Les enfants et les petits-enfants britanniques vivront plus longtemps, plus heureux, en meilleure santé, et seront plus riches », a-t-il promis.

Pour l’heure, le cours de la livre sterling a perdu plus de 5 % de sa valeur depuis début mai. Il a récemment atteint un plus bas de 27 mois face au dollar et un plus bas de six mois face à l’euro. Le cours restait orienté à la baisse ce jeudi, s’échangeant contre 1,2450 dollar. Dans son discours, Boris Johnson s’est aussi prononcé contre la clause de sauvegarde (« backstop ») destinée à empêcher le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. Au téléphone avec Jean-Claude Juncker — Président de la Commission européenne — le Premier Ministre a campé sur ses positions, persuadé que l’Union Européenne acceptera un compromis. Pour établir une politique commerciale indépendante, il n’enverra aucun commissaire à la prochaine Commission européenne. Affaire à suivre…

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde