Relance : ce que la France va faire avec les 40 milliards d’euros de Bruxelles

Actualités - Ce mercredi 28 avril, la France a présenté son plan de relance à l'Union européenne. Quels investissements Paris a-t-il prévus ? Où seront dépensés les financements européens ? Tour d'horizon avec Le Courrier Financier.

Le chantier prend du retard. Ce mardi 27 avril, la France a dévoilé son plan national de relance et de résilience (PNRR) en même tant que l’Allemagne. Paris prévoit d’y consacrer 100 milliards d’euros, dont 41 milliards doivent être pris en charge par l’Union européenne (UE). Bruxelles a prévu de débloquer 750 milliards d’euros de subvention pour les 27 pays membres. Le plan « Next Generation EU » repose sur l’émission d’une dette commune, mais peine à se mettre en marche. La France devra attendre début septembre prochain — et non début juillet, comme prévu initialement — pour toucher son premier chèque.

Un coup d’accélérateur ?

Ce délai supplémentaire tombe mal, à l’heure où la Chine et les Etats-Unis se relèvent de la crise sanitaire. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, demande donc à la Commission européenne d’accélérer les procédure. « Nous avons perdu trop de temps », a-t-il déploré ce mardi 27 avril lors d’une conférence commune avec son homologue allemand, Olaf Scholz, ministre des finances. « Il faire du plan de relance européen une réalité concrète pour nos citoyens dès que possible » a ajouté le locataire de Bercy, qui plaide pour un premier versement avant la fin de l’été. Mais cela dépend aussi de l’attitude des autres pays membres.

Après le Portugal la semaine dernière, la France a remis officiellement son plan de relance à la Commission européenne ce mercredi 28 avril — en même temps que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Une dizaine de pays européen n’a toujours pas atteint ce stade. Pour avoir une chance d’être validé, chaque plan de relance doit suivre feuille de route précise — et inclure au moins 37 % de dépenses pour la transition écologique et 20 % pour la transition numérique. De son côté, la France prévoit de consacrer respectivement 50,6 % et 25,1 % de ses investissements à ces deux thématiques afin de bien « respecter les cibles communautaires ».

Relance : la France présente un plan à 100 milliards d'euros
Source : Plan National de Reprise et de Résilience (2021)

Finance verte et digitalisation

Dès que l’UE aura donné son feu vert, la France devrait recevoir « dans les deux mois qui suivront un préfinancement de 13 % du plan, ce qui représente une enveloppe de 5,1 milliards d’euros » détaille Bercy. Les premiers décaissements interviendront d’ici fin 2021. Sans surprise, la transition verte arrive en tête des investissements prévus. Au programme, 6,5 milliards pour les infrastructures de transport et les mobilités vertes, 5,8 milliards pour la rénovation énergétique ou encore 5,1 milliards pour les énergies et technologies vertes. De quoi orienter fortement les investisseurs vers l’ESG et la finance durable ces prochaines années.

La transformation numérique devrait notamment se traduire par 2,4 milliards d’investissement pour développer la souveraineté technologique française, c’est-à-dire « le soutien au développement des marchés clés numériques ». La France a prévu 1,4 milliard pour la « mise à niveau numérique » des entreprises (TPE, PME, ETI en priorité) de l’Etat, les territoires et les entreprises. De quoi donner de l’élan à la gestion des fonds thématiques qui s’intéressent à ce segment de l’économie. En échange du soutien de Bruxelles, la France s’engage à poursuivre certaines réformes (assurance chômage, finances publiques et retraites).

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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