Hong Kong : quelles représailles économiques contre la Chine ?

Actualités - Le 30 juin dernier, la Chine imposait à Hong Kong sa nouvelle loi de sécurité nationale. Cette décision déclenche des remous économiques et politiques sur la scène internationale. Comment se positionnent les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ?

Hong Kong revient au centre des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Ce mardi 14 juillet, Donald Trump a signé un décret qui met fin au statut économique préférentiel de ce territoire autonome. « Hong Kong sera traité comme la Chine : pas de privilèges spéciaux, pas de traitement économique spécial et pas d’exportation de technologies sensibles », a déclaré le président américain lors d’une conférence de presse à la Maison blanche. Un coup dur pour Hong Kong, devenu grâce à ce dispositif l’un des principaux pôles financiers mondiaux. Dans la ligne de mire de Donald Trump, la nouvelle loi de sécurité imposée par la Chine à Hong Kong le 30 juin dernier.

Donald Trump en campagne

A quelques mois des prochaines élections présidentielles américaines, Donald Trump entend renvoyer un message de fermeté à son électorat. Il s’agit de « tenir la Chine pour responsable de ses mesures agressives contre le peuple de Hong Kong », a-t-il affirmé. Donald Trump a ainsi approuvé — quelques heures avant l’expiration du délai fixé, rapporte Reuters — un texte voté au Congrès américain, afin de sanctionner les banques qui traiteraient avec des responsables chinois impliqués dans la mise en œuvre de la nouvelle loi sécuritaire. Donald Trump n’a pas l’intention de rencontrer Xi Jinping pour faire redescendre la vapeur.

D’après ses opposants, la nouvelle loi entraînerait un recul des libertés inédit depuis la rétrocession de Hong Kong par le Royaume-Uni en 1997. La loi permet notamment aux agences de sécurité chinoises de s’implanter à Hong Kong et d’extrader des suspects vers la Chine continentale. Dans le contexte actuel de guerre commerciale, l’occasion était trop belle pour les Etats-Unis. « Nous avons perdu un concurrent très sérieux », a précisé Donald Trump. Le décret présidentiel prévoit la révocation des exemptions de licence pour les exportations vers Hong Kong et la fin du traitement spécial pour les détenteurs d’un passeport hongkongais.

L’UE en rangs dispersés

Au regard de la réaction de Pékin, les mesures américaines ont peu de chances d’aboutir à un retrait de la loi sécuritaire. « Les affaires de Hong Kong sont purement des affaires internes de la Chine et aucun pays étranger n’a le droit d’interférer », a réagi ce mercredi 15 juillet le ministère chinois des Affaires étrangères. De son côté, l’Union européenne (UE) réagit de manière plus dispersée. Ce lundi 13 juillet, son porte-parole diplomatique a annoncé que l’UE préparait des représailles contre la Chine. Si l’UE reste favorable à des mesures de rétorsions, certains pays — comme la Grèce et la Hongrie — s’opposent à des sanctions économiques sévères.

Cette hésitation tient à l’étroitesse de leurs liens commerciaux avec la Chine. Faut-il y voir la conséquence des nouvelles routes de la soie ? « Nous avons convenu aujourd’hui d’élaborer une réponse coordonnée de l’Union européenne pour montrer notre soutien à l’autonomie et à la société civile de Hong Kong », a déclaré Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, à l’issue d’une réunion des ministres de l’UE en charge de ces dossiers à Bruxelles. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont notamment évoqué la possibilité d’étendre à Hong Kong l’interdiction d’exporter des « technologies sensibles » de l’UE. Affaire à suivre.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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