France : 6 % de croissance en 2021, malgré la Covid-19

Actualités - Cette semaine, l'INSEE prévoit une croissance supérieure à 6 % en France sur l'année 2021. Quel scénario se dessine d'ici la fin de l'année ? Les Français vont-ils épargner ou consommer ?

Variant Delta, même pas peur ! Dans son dernier point de conjoncture publié ce mardi 7 septembre, l’INSEE estime que la croissance française pourrait atteindre 6,25 % en 2021. Depuis cet été, la lutte contre la pandémie repose sur l’intensification de la campagne vaccinale. De quoi réduire l’impact économique du virus ? En juillet et en août 2021, l’activité économique revenait presque à son niveau d’avant crise — soit « entre -1 % et -0,5 % par rapport au quatrième trimestre 2019 ». Résultat, la croissance au T3 2021 devrait être forte (+2,7 % prévu par rapport au T2 2021). La tendance devrait se poursuivre en fin d’année (+0,5 % au T4 2021).

La danse de l’inflation

La croissance reste toutefois une équation à plusieurs inconnues, au rythme des incertitudes sur la scène internationale. En Chine, les mesures de restriction — secteurs de l’éducation et du numérique, notamment — et le ralentissement de l’activité inquiètent les marchés. Aux Etats-Unis et en Europe, les investisseurs guettent le moindre signe annonciateur de la fin des politiques monétaires accommodantes — destinées à lutter contre l’inflation. Les rumeurs de réduction des achats d’actifs (tapering) du PEPP européen fleurissent ainsi à l’approche de la prochaine réunion de la Banque centrale européenne (BCE), ce jeudi 9 septembre.

La reprise mondiale a entraîné des difficultés d’approvisionnement, avec une remontée du coût des matières premières. « Les prix à la production s’en ressentent », relève l’INSEE. En France, « les prix de production de l’industrie française tout comme les prix agricoles à la production ont ainsi augmenté d’environ 8 % sur un an » en juillet 2021. Certains secteurs restent très affectés, comme la construction (coût des matériaux) ou encore l’automobile (pénurie de puces électroniques). En France, la remontée des prix de l’énergie a fait rebondir l’inflation au S1 2021. D’ici la fin de l’année, elle devrait repasser « un peu au-dessus de 2 % en glissement annuel ».

Epargner ou consommer ?

En juin 2021, les Français ont renoué avec la consommation. La fin du troisième confinement a créé un appel d’air, qui n’a toutefois pas duré. Après avoir frôlé son niveau d’avant-crise en juin 2021 (-1 % par rapport au T4 2019), la consommation des ménages a reculé en juillet (-2 % par rapport au T4 2019) et en août (-1,5 % par rapport au T4 2019). Certes, les Français ont beaucoup épargné pendant la crise de la Covid-19. Toutefois, ils ne semblent sont pas encore décidés à entamer leur bas de laine. En juillet, ils ont moins consommé de biens « malgré le dynamisme des dépenses dans les services auparavant soumis à restrictions ».

Dans le sillage de la vaccination, le passe sanitaire menace-t-il la consommation ? Pas vraiment, à en croire l’INSEE. La réglementation entrée en vigueur le 30 août 2021 « n’aurait que modérément affecté les dépenses des ménages dans les secteurs concernés, notamment la restauration ». A partir de ce mois de septembre, « l’amplification de la vaccination devrait permettre à la consommation de se redresser dans les secteurs soumis à l’obligation du passe sanitaire » estime l’institut. Dans son scénario, les dépenses des ménages reviendraient à leur niveau d’avant crise d’ici la fin de l’année — soit +4,5 % sur l’année 2021.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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