Europe : plan de relance post Covid-19, la « magie du projet européen »

Actualités - Cette semaine, le plan de relance européen valide sans surprise l'émission de 750 milliards d'euros de dette commune, destinés à relancer l'économie du bloc européen après le coronavirus. Derrière un front uni, comment les pays dits « frugaux » ont-ils tiré leur épingle du jeu ? Quel avenir pour la construction européenne ?

Cette semaine se place sous le signe de l’Europe. Les dirigeants de l’Union Européenne (UE) sont parvenus à un accord historique à Bruxelles ce mardi 21 juillet. A l’issue d’un sommet marathon de plus de quatre jours, ils ont défini les termes du plan de relance massif de l’économie du bloc européen. Après la pandémie de coronavirus, l’UE entre dans une nouvelle étape de sa construction. Cet accord ouvre la voie à l’émission, par la Commission européenne (CE), de 750 milliards d’euros de dette commune au nom des vingt-sept Etats de l’UE, rapporte Reuters. Ce fonds s’accompagne d’un projet de budget de près de 1 100 milliards d’euros sur la période 2021-2027.

De longues tractations

L’UE espère ainsi se sortir de la plus grave crise économique qu’elle a connue depuis la Seconde Guerre mondiale. D’après Charles Michel, président du Conseil européen, il s’agit d’un « moment charnière » pour le Vieux continent. « Cet accord envoie un signal concret que l’Europe est une force d’action », se félicite-il. De son côté, Emmanuel Macron parle d’un plan historique « de nature à répondre aux défis sanitaires, économiques et sociaux qui sont aujourd’hui devant nous dans chacun de nos pays ». La France obtiendra notamment 40 milliards d’euros de subventions, qui contribueront au financement du plan de relance national.

Les négociations ont été âpres entre les pays du Nord, réticents à l’idée d’une dette commune, et ceux du Sud. Au terme de près de 100 heures de tractations, la part des subventions dans le plan de relance a ainsi été réduite. C’est une concession aux pays dits « frugaux » — Pays-Bas, Autriche, Suède, Danemark et Finlande — qui préféraient une aide financière sous forme de prêts remboursables. L’accord réduit les investissements prévus dans des fonds respectueux des engagements climatiques. Par ailleurs, L’UE renonce à imposer des conditions pour verser l’aide à des pays comme la Hongrie et la Pologne — accusés de malmener l’Etat de droit et les valeurs fondamentales de l’UE.

L’influence des « frugaux »

Sur Twitter, Charles Michel a déclaré « cet accord, c’est la preuve que la magie du projet européen fonctionne ». Toutefois, les pays dits « frugaux » ont renforcé leur influence. Ils ont sécurisé une réduction de leur participation au prochain budget de l’UE, un mécanisme de correction budgétaire accordé pour la première fois au Royaume-Uni dans les années 1980 et que la France espérait supprimer progressivement après le Brexit. D’après le chancelier autrichien Sebastian Kurz, les « frugaux » continueront de peser dans les négociations à l’avenir. Dans ces conditions, se pose la question de l’avenir du couple franco-allemand.

Les bourses européennes ont salué le plan de relance, sans euphorie toutefois. Elles ont réduit leurs gains en cours de séance ce mardi. Le CAC 40 a longtemps pris plus de 1 % avant de terminer en hausse de 0,22 % à 5 104,28 points. Le Footsie britannique a gagné 0,11 % et le Dax allemand a progressé de 0,96 %. L’indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,5 %, le FTSEurofirst 300 de 0,29 % et le Stoxx 600 de 0,32 %. La réaction modérée des indices boursiers, de l’euro et des rendements obligataires s’explique par une anticipation de l’accord… Et la résistance du camp des « frugaux » montre que la solidarité européenne demandera encore quelques efforts.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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