LIVRE / « Comprendre l’économie et la finance » ou le retour aux fondamentaux

Actualités - Marchés financiers, cash-flow, titrisation, hedge funds, eurobonds... Vous avez besoin de réviser vos notions d'économie pour la rentrée ? C'est le moment de relire « Comprendre l'économie et la finance », édité en février dernier par Gereso Edition. Le Courrier Financier vous a préparé une fiche de lecture.

Economie, banque, finance… Des sujets trop compliqués pour le commun des mortels ? Ce n’est pas l’opinion d’Alain Lemasson, qui publie son livre Comprendre l’économie et la finance chez Gereso Edition (23€). L’ouvrage a été publié le 28 février 2019. « Le bon sens suffit pour comprendre l’essentiel (…) La finance n’est pas le domaine obscur, voire hostile que l’on peut imaginer », assure l’auteur. Diplômé de l’Insead et de l’école centrale de Lille, Alain Lemasson anime également depuis 2012 une plateforme destinée à l’initiation financière du grand public. Une bonne lecture de rentrée — 190 pages dans un style très didactique, avec des schémas et des cas pratiques — pour repartir sur de bonnes bases.

Déconstruire les clichés

La complexité supposée des sujets économiques tiendrait à plusieurs facteurs : le langage hermétique des experts, un enseignement inadéquat ou encore l’importance de l’approche quantitative, etc. Reste le caractère de science sociale de la discipline, qui peut porter à confusion. Il y a « le trouble créé dans les esprits par les divergences de vues des économistes dans les débats ou dans les tribunes. L’esprit scientifique, dévié de sa mission première de recherche de la vérité, paraît souvent mis au service d’option idéologiques à peine dissimulée », regrette l’auteur. Après une première partie consacrée aux « Outils de base » — marché interbancaire, titres, bilan — la deuxième partie s’attaque aux clichés « plus souvent critiques que constructifs ».

Entre éléments vérifiables et ceux qui le sont moins, ces idées reçues constituent un « point de départ de l’exploration du monde économique ». Objectif, montrer ce que sont et font vraiment les acteurs de l’économie. Par exemple, le chapitre 5 s’attaque au lieu commun selon lequel « les marchés sont déconnectés de l’économie réelle ». Le texte commence par un résumé qui pause les grandes lignes du sujet. Les règles de prudence imposées aux banques limitent de manière mécanique l’accès au crédit bancaire. Les marchés se sont développés de manière complémentaire pour financer les Etats et l’économie. Aux Etats-Unis, ce sont eux qui soutiennent la croissance des entreprises, qui passent ainsi très vite « du statut de startup à celui d’entreprises mondialisées ».

Développer sa réflexion

Le livre s’ouvre sur une citation d’Alexis de Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique : « une idée fausse, mais claire et précise, aura toujours plus de pouvoir sur le monde qu’une idée vraie, mais complexe ». Pour éviter cet écueil, l’auteur a prévu une troisième partie qui s’intitule « Pour aller plus loin ». Le lecteur trouvera particulièrement éclairant — et d’actualité ! — le chapitre 13 « Quantitative Easing et taux négatifs, le bilan ». L’auteur décortique cette politique de la Banque centrale européenne (BCE) destinée à « dynamiser la distribution de crédit en facilitant le travail des banques ». La mécanique est bien huilée. Prêts avantageux, baisse de taux, rachat de titres souverains détenus par les banques… et pour finir, les fameux prêts à taux négatifs.

Alain Masson remet cette démarche en perspective. « Si les Etats de la zone euro ont énormément bénéficié des taux négatifs, les banques sont parallèlement sorties renforcées par les ventes de titres à la BCE, un aspect des choses gardé plutôt confidentiel. Le système a permis à beaucoup d’entre elles de renforcer leurs fonds propres, un élément fondamental pour la reprise du crédit », analyse-t-il. Toujours dans cette optique de voir plus loin, son livre ressemble à un perpétuel appel au voyage. La quatrième partie se concentre sur l’information et l’éducation financière. Nous noterons que le programme idéal — d’après Alain Masson — comporte plus de 2 heures de lecture quotidienne de la presse économique, française et internationale. Prêts à relever le défi ?

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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