Antitrust : Google poursuivi par la justice aux Etats-Unis

Actualités - Cette semaine, la justice américaine lance une offensive antitrust contre Google. Le moteur de recherche est accusé de fausser la concurrence sur les marchés de la recherche et de la publicité en ligne. Qu'est-ce qui attend le géant américain de la tech ? Le point avec Le Courrier Financier.

Antitrust : Google poursuivi par la justice aux Etats-Unis

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Attrape-moi si tu peux ! Après la taxe GAFAM de l’Union européenne (UE) en 2019, Google revient dans le collimateur politique. Ce mardi 20 octobre, les Etats-Unis ont lancé eux-mêmes une offensive judiciaire antitrust. Le département américain de la Justice — ainsi que 11 Etats — ont déposé une plainte contre Google. Le géant d’internet abuserait de sa position dominante sur le marché de la recherche et de la publicité en ligne, afin d’empêcher l’émergence de concurrents sérieux. En 2019, Google a réalisé 137,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires — un chiffre supérieur au produit intérieur brut (PIB) de la Hongrie, rapporte Reuters.

Un ennemi commun ?

La filiale d’Alphabet n’a pas tardé à réagir. « Les gens utilisent Google par choix et non parce qu’ils y sont forcés ou ne trouvent pas d’alternatives », a réagi Kent Walker, un vice-président du groupe de Mountain View (Californie), dans un communiqué publié le même jour. Un argument contestable. Selon Statcounter — société basée à Dublin — qui édite un logiciel de mesure le nombre de visite sur un site web, Google représenterait 85 % des recherches sur ordinateur en France en septembre 2020 ; et environ 97 % sur les appareils mobiles hors tablette. Une situation « qui peut être qualifiée de monopolisme », commente Statista.

La procédure pourrait déboucher sur la plus grosse opération antitrust aux Etats-Unis depuis plus de 20 ans. La dernière avait visé Microsoft en 1998. Elle avait débouché sur la croissance exponentielle d’internet, et permis l’émergence de nouveaux moteurs de recherche comme Firefox ou… Google lui-même. En pleine campagne présidentielle, cette offensive antitrust représente un rare consensus entre le Congrès — mené par Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants — et l’administration Donald Trump. Les ministres de la Justice (attorney general) des 11 Etats qui se sont joints à l’initiative de la justice fédérale sont tous républicains.

Sale temps pour Google

Ce n’est pas la première fois que Google se retrouve sur la sellette. Il y a sept ans, la Federal Trade Commission (FTC) — principale autorité fédérale en matière de concurrence — avait déjà lancé une procédure contre la filiale d’Alphabet. Elle était alors accusée de biaiser les résultats de son moteur de recherche pour favoriser ses propres produits, entre autres. Cet épisode s’était conclu par un accord à l’amiable. En 2019, la FTC le département de la Justice lancent à nouveau une enquête contre Google, mais aussi contre Amazon, Apple et Facebook. Le 29 juillet 2020, Mark Zuckerberg a ainsi passé une longue audition antitrust devant le Congrès américain.

Le monde entier a-t-il pris Google en grippe ? Nous avons déjà mentionné l’action de l’UE — qui a infligé en 2019 une amende de 1,7 milliard de dollars au moteur de recherche, pour entrave à la concurrence dans la publicité en ligne. En 2018, l’UE a imposé une amende de 4,9 milliards pour à Google, pour avoir fermé son système d’exploitation mobile Android à la concurrence. Et en 2017, elle l’avait condamné à payer 2,6 milliards de dollars pour avoir favorisé son moteur de comparaison de prix. Hasard du calendrier, en 2020 même la Chine s’y met ! Cette fois-ci, pour pratique anti-concurrentielle à l’encontre de sociétés chinoises, dont Huawei.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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